Anonymus bodies in an empty room
Une nuit, une oeuvre...

Parallaxe

Une pluie noire ruisselle entre les ruines de béton d’une friche industrielle d’Europe de l’est. Aux architectones mélancoliques de ce dédale urbain fait écho l’opacité d’une errance. Cette noirceur et cette opacité insondables du réel ne sont pas le fruit d’une erreur de parallaxe, mais plutôt la matière énigmatique d’où est extrait tout le registre plastique mis en œuvre par l’artiste. En astrophysique, la matière noire (ou matière sombre), traduction de l’anglais dark matter, désigne la matière apparemment indétectable, invoquée lorsqu’il s’agit de rendre compte d’effets inattendus. La composition de cette « matière noire » demeure inconnue : gaz moléculaires, étoiles mortes, trous noirs. Cette matière sombre de l’univers est faite de béances, de particules refroidies, de constellations éteintes. Dans le travail d’Elise Vandewalle, l’indétectable chorégraphique maintient la cohésion des éclats du visible et des retombées radioactives de la mort. Fragments de matière noire et de temps sidéral. Récemment, l’artiste a intitulé une de ses vidéos « Black hole », trou noir, en hommage peut-être à une géométrie des confins. Le champ gravitationnel du désir y est si intense qu’il exclut toute forme de rayonnement.

(Jean-Baptiste Mognetti, doctorant, université Paris IV).

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