Champ libre, champ fou, donné à Chrisitan Sabas.

Poémagogie, "contrepeinture temps 2" donné à Chrisitan Sabas
(1er juillet au 31 août)

Scènes de vie ou vie en scène… Christian Sabas dessine ou peint on ne sait ! Son travail presque de l’ordre de l’esquisse, de l’ébauche laisse vivant et vibrant les traces du geste, des gestes qui font émerger ces scènes de vie. L’ensemble de ses dessins-enfin je les nomme ainsi- font écho à une forme d’exploration dans la pratique certes ! Mais une exploration de l’humain surtout…
Les touches offrent des coulures, des estompes, des lavis … Des scènes comme ci, comme ça : diluées, flottantes, évanescentes comme des « impression de… », des réminiscences… des chants fous !

Il dit lui-même sans mots ou à demi mot plus de sens qu’il ne pense laisser jaillir :

Encore une sçène ..... de jalousie sur un autre monde...cool
Chemins de vie ....et embrouilles à Deshaies....
Bémols assi pon a kakala....petits meurtres dans un ventre mou....
Quelques scènes de vie....

Ses mots comme en rythme fragmenté me renseignent, m’enseignent, je pars avec ces quelques mots qui résonnent dans les sillons de ce qui ce trame dans cette série. Oui « petits meurtres dans un ventre mou.... », « Encore une scène… ». Il fouille dans sa mémoire, il fouille avec son pinceau. Recherche intérieure, quête extérieure…

Une façon de faire surgir les monstres que l’on a en soi… ceux de la vie, de la société, du monde en général. Les corps sont très présents entre destruction et angoisse, entre le désir et la mort comme révélateur de ce que la réalité est, de ce que la réalité ancre dans le vivant… Doit-on préciser, encore une fois-je ne sais !- qu’il est aussi diplômé « infirmier en psychiatrie » et qu’indéniablement il a fait maintes fois le voyage de visions du monde mêlées…
Et à la fois tant d’Ailleurs, tant d’impossibles Mondes.

Et la Monstruosité du monde même tel qu’il est réellement et que l’on s’emploie à masquer.
Il prend le temps que l’observation demande, le temps que le dessin demande, commande ou invite.

Dans une autre série non visible ici, il inscrit ses histoires, ses scènes sur de longs rouleaux de papier peint (au dos neutre des rouleaux, Christian Sabas dessine, peint sur des mètres entiers). Ceux-ci peuvent être déroulés et laissent alors visible leur inscription comme une suite sérielle, une longue bande pelliculaire de scènes qui disent le vivant). Une magie résulte de cette non économie du temps ; pas économie de l’art ! La temporalité de la construction de l’œuvre en fait la force.

Toutefois, ici ils sont présentés comme des tableaux au sens théâtral. Un effeuillement conçu sur des formats 50X70cm. Une suite d’extraits…

Il y a chez Christian Sabas une lecture et une pratique quasi métaphysique, au-delà de la croyance, une quête, un voyage intérieur qui ne fait aucun procès au temps. Le temps se déroule littéralement, le temps de la réalisation. Et en perspective se joue le déroulé d’un espace dialogique entre l’œuvre et soi-même.

Cynthia Phibel